Un plan unique et complet pour la rénovation de la Directive sur la Performance Énergétique des Bâtiments

Energy
29 June 2022
Un plan unique et complet pour la rénovation de la Directive sur la Performance Énergétique des Bâtiments

La rénovation de maisons et de bâtiments est souvent une tâche très complexe qui comporte des obstacles imprévus. Il en va de même pour la rénovation des bâtiments en vue de réduire leur empreinte carbone. 

Dans le cadre du paquet "Fit for 55" adopté par la Commission européenne, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne d'au moins 55 % en 2030, la révision de la Directive sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) est un pilier essentiel de la stratégie pour une vague de rénovations. La révision de la Directive DPEB vise à définir la vision et les outils nécessaires pour parvenir à un parc immobilier à émissions nulles d'ici 2050, en introduisant une nouvelle définition du "bâtiment à émissions nulles" et en affinant les définitions existantes, telles que "bâtiment à énergie quasi nulle" et "rénovation profonde". À partir de 2030, tous les nouveaux bâtiments de l'UE devront être des bâtiments à émission zéro, tandis que les nouveaux bâtiments publics devront être à émission zéro à partir de 2027. 

La révision de la DPEB a un impact étroit sur les autorités locales et régionales car elles seront en charge de sa mise en œuvre, et montreront l'exemple par la rénovation des bâtiments publics. La transition vers une approche circulaire systématique de la rénovation des bâtiments nécessitera des efforts importants en termes de requalification et de soutien aux compétences locales, tant dans le secteur public que privé.

Grâce à ce pilier du Pacte Vert, les États membres, en coopération avec les autorités locales et régionales, doivent considérablement lutter contre la pauvreté énergétique des territoires, des ménages et des entreprises vulnérables dans toute l'Union européenne, en particulier compte tenu de la crise énergétique élevée et durable exacerbée par l'invasion russe en Ukraine. 

Le membre du Groupe PSE André Viola, membre du Conseil départemental de l'Aude, France, dirige les travaux au sein de la Commission de l'environnement, du changement climatique et de l'énergie (ENVE) du Comité des Régions en tant que rapporteur de l'avis sur la révision de la Directive sur la performance énergétique des bâtiments

 

Compte tenu des tensions géopolitiques et de la crise énergétique à laquelle nous sommes confrontés, dans quelle mesure pouvons-nous nous permettre d'être ambitieux dans la rénovation des bâtiments ?

Je verrais plutôt la situation dans l'autre sens : nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas être ambitieux. La crise énergétique actuelle montre à quel point la réduction de la consommation d'énergie est essentielle, non seulement pour sauver la planète, mais aussi pour assurer la sécurité de l'Union européenne. Et par où commencer, si ce n'est par les bâtiments ?

Après des décennies passées à se concentrer sur des engagements théoriques plutôt que sur des actions réelles, nous nous trouvons dans une situation très difficile. La transition énergétique doit être accélérée immédiatement. Nous avons besoin d'un déploiement massif d'investissements et de capacités pour réduire radicalement la demande énergétique des bâtiments. Cela ne peut plus être reporté.

Tout ce qui est moins ambitieux que cela n'est qu'une promesse d'échec sur le Pacte Vert européen, sur notre lutte pour éradiquer la pauvreté énergétique et pour arrêter le changement climatique.

Les statistiques montrent que l'amélioration de la performance et l'augmentation du taux de rénovation ont été un défi délicat à relever au cours des dernières décennies. Dans le futur, quels sont les points clés que cette révision doit inclure si l'Union européenne souhaite atteindre ses objectifs ?

Nous devons reconnaître que, si nous avons manqué l'occasion de rénover de manière significative le parc immobilier de l'Union européenne dans son ensemble, nous avons développé des compétences et des bonnes pratiques au cours des dernières décennies. Nous devons nous appuyer sur celles-ci et faire en sorte que les meilleures pratiques deviennent la norme. Nous devons tirer parti de l'énorme expérience créée sur le terrain par la Convention des maires et de nombreux autres projets et initiatives européennes. Tout cela n'est possible que si nous donnons plus de pouvoir aux autorités locales et régionales. Les citoyens européens ne rénoveront pas leur maison parce que l'Union européenne ou le gouvernement national le leur demande : ils doivent être engagés en tant que protagonistes d'une transition locale : seuls les gouvernements locaux et régionaux peuvent les guider.

Cependant, nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur l'énergie ou les émissions directes : nous devons prendre en comptel'ensemble du cycle de vie des bâtiments et intégrer l'économie circulaire et l’auto-suffisance à toutes les étapes. Nous ne pouvons plus nous permettre d'économiser l'énergie au détriment d'autres composantes pertinentes du Pacte Vert.

Nous devons fixer les Normes de Performance Minimales au bon niveau d'ambition : si ce n'est pas le cas, nous gaspillerons de l'argent dans des rénovations floues qui ne permettront pas à nos bâtiments d'atteindre les objectifs de 2030 et 2050. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous contenter d'améliorer l'efficacité énergétique, nous devons réellement transformer le parc immobilier.

La rénovation par étapes doit être conçue avec soin ! Nous savons que les "rénovations majeures" de bâtiments existants, quelle que soit leur taille, ont lieu : une fois tous les 25 ans pour les bâtiments résidentiels et une fois tous les 15 ans pour les bâtiments non résidentiels. Par conséquent, il est peu probable que les bâtiments résidentiels rénovés au cours de cette décennie subissent une autre rénovation majeure avant 2050. Nous ne pouvons pas prétendre que nos citoyens vont continuellement rénover leurs maisons. Cela ne se produira tout simplement pas. Nous devons disposer d'un plan de rénovation unique qui puisse être mis en œuvre sur plusieurs années si nécessaire, mais un seul !

Enfin, et c'est important, la rénovation du parc immobilier de l'Union Européenne ne sera possible que si les villes et les régions disposent d'un financement adéquat.

Quelles peuvent être les retombées positives de ce plan de rénovation en termes de lutte contre la pauvreté énergétique ?

C'est notre dernière chance de faire les choses correctement. Si les factures énergétiques sont si élevées pour nos ménages et nos entreprises, c'est à cause du coût de l'inaction au cours des trois dernières décennies, et pas seulement à cause des perturbations causées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Des millions de ménages vulnérables ont été contraints de choisir entre se chauffer ou manger, bien avant la terribile guerre en Ukraine.

Nous savons que nous ne pouvons pas viser la neutralité climatique de l'ensemble des bâtiments de l'Union européenne. Notre héritage historique doit être préservé et nous devons faire preuve d'une certaine flexibilité dans certains cas. Cela implique que nous devrions aussi avoir des bâtiments à climat positif, qui produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Ces bâtiments seront moins chers à entretenir et auront un potentiel important pour réduire la pauvreté énergétique.

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