La création de l'HERA (Health Emergency Response Authority), l’autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, a été proposée par la Commission européenne dès l’année dernière pour renforcer les capacités de l’UE pour répondre à la pandémie de COVID-19 et pour prévenir, détecter et réagir rapidement aux menaces sanitaires.
La pandémie de COVID-19 a rappelé aux responsables politiques européens l’importance de la coopération et de la solidarité européenne. La COVID-19 nous a également souligné combien il peut être dommageable de perdre de vue l’intérêt public et les principes d’équité lorsqu’on fait face à des urgences sanitaires mortelles. C’est pourquoi la nouvelle autorité sera chargée de surveiller et d’identifier les urgences sanitaires transfrontalières potentielles, de garantir la disponibilité des médicaments et des traitements en favorisant les marchés publics européens et de faciliter la coordination entre les États membres.
Notre membre du groupe PSE Christophe Clergeau, membre du conseil régional des Pays de la Loire et secrétaire national du Parti Socialiste chargé de l'Europe, a été nommé rapporteur du dossier HERA au sein du Comité européen des régions. Nous l’avons interrogé sur les enjeux liés à la création de cette nouvelle autorité et le rôle des autorités locales et régionales dans sa gouvernance.
Pourquoi avons-nous besoin d'une nouvelle autorité européenne pour réagir aux urgences sanitaires et épidémies ?
Les risques sanitaires comme environnementaux sont devenus globaux, nous avons besoin d’une réponse globale et solidaire au niveau de l’Union européenne (UE) pour protéger les européens et notamment les plus fragiles. Cela doit se faire dans le respect des compétences des Etats mais autour d’une vision ambitieuse et volontariste.
Comment HERA devrait-elle opérer? Pour quelles raisons les autorités locales et régionales doivent-elles faire partie intégrante de la gouvernance d'HERA ?
La protection de la santé humaine est au cœur des traités et une exigence essentielle de l'UE. Le Parlement européen, les intérêts des citoyens de l'UE, ne peuvent donc pas être tenus à l’écart. Les régions ont des compétences majeures en matière de santé dans plus du tiers des Etats membres. Alors ayons une démarche inclusive associant le Parlement, les Régions, mais aussi les personnels soignants, les patients, et tous les acteurs de la santé. Ce n’est pas encore le cas et je le regrette.
Considérez vous que le budget alloué à HERA par la Commission Européenne est suffisant pour son bon fonctionnement?
1,8 milliards sont engagés pour 2022 et seulement 6 milliards sont prévus pour 6 ans ce qui est donc évidemment insuffisant. Pour pouvoir réagir aux crises majeures, l’HERA doit pouvoir mobiliser à tout moment 10 milliards d’euros, c’est l’enseignement de la crise de la Covid.
Qu'est-ce que l'Union européenne devrait-elle faire afin de renforcer son autonomie stratégique pour faire face aux futures crises, notamment en termes de fabrication de contre-mesures médicales mais aussi en termes de recherche et d'innovation ?
Si nous voulons retrouver notre souveraineté sanitaire, c’est-à-dire produire en Europe les médicaments et contre-mesures médicales dont nous avons besoin pour protéger les Européens, alors il faudra accepter de les payer plus cher et pour pouvoir renforcer le tissu industriel et revoir nos règles de concurrence et d’encadrement des aides d’Etat. Si nous ne le faisons pas, la promesse de souveraineté sanitaire sera une fausse promesse impossible à tenir.
La crise COVID-19 a mis en évidence les inégalités entre les régions et les inégalités sociales en matière d’accès aux soins et à la vaccination. Comment un tableau de bord sur la “vulnérabilité à la sécurité sanitaire” renforcerait-il les systèmes de santé et consoliderait-il la couverture sanitaire égale des régions et des communautés?
Pour combattre les inégalités il faut d'abord les identifier et les mettre en lumière. Pour protéger les populations et leur apporter l’aide dont ils ont besoin, il faut savoir qui sont les catégories de populations les plus vulnérables et où elles se trouvent. Ce sont ces informations que nous voulons produire et rendre disponible au niveau européen. Ce sera aussi une aide pour les Etats qui sont responsables du système de soin.
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